Mesdames et messieurs, le virtuose Jean-Pierre PHIPPS au tambour ! Ce soir là, à l'occasion d'un festival de "Gwo KA" en Guadeloupe, je ne voyais et n'entendais que lui et son KA bien sûr : deux êtres à part entière, car ses mains véloces donnaient vie à ce puissant instrument dont je ressens encore la présence et les vibrations. 
Mais je n'étais pas la seule... Le "Gwo KA" est un moyen d'expression artistique pour les tambouyés comme Mr PHIPPS mais aussi pour des danseurs et chanteurs engagés dans une véritable mission : le chanteur et son choeur racontent généralement une histoire en lien avec la vie quotidienne et le(la) danseur(se), inspiré(e) s'exprime en usant de tous ses membres et de tous ses charmes pour défier le tambouyé "marqueur" ou "Makè". Ce dernier se démarque des autres tambouyés, qui eux impriment une régularité de rythme. Le Makè, lui, doit suivre le danseur en se calant sur ses pas de danse sautillants et justement très marqués. Un dialogue improvisé et quasi-imperceptible s'engage alors entre ces deux-là. Tantôt complices, tantôt adversaires, ils s'adonnent à leur art avec tant d'énergie qu'il est difficile de ne pas en ressentir à son tour.
Historiquement, en Guadeloupe, le Gwo KA est hérité de nos ancêtres créolisés, descendants de divers pays d'Afrique noire. Du temps de l'esclavage, cette discipline artistique très complète (chant, danse, musique) n'était pas seulement utilisée pour de distraire et s'évader. Il s'agissait aussi et surtout de s'exprimer, de communiquer et de communier lors de rassemblements dédiés. A la clé, cette fameuse énergie pour le corps et pour l'âme. Courage, Force, Lumière sont ainsi autant de vocables régulièrement associés à l'univers du Gwo KA guadeloupéen.

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